Anlässlich des 75. Jahrestags der Befreiung Gefangener aus dem Konzentrationslager Auschwitz veröffentlichte “Le Temps” am 27. Januar 2020 einen “appel à l’action” von Adama Dieng, Conseiller spécial du secrétaire général des Nations Unies pour la prévention du génocide.

Auszug:

“(…) 75 ans après la libération des camps, le monde ne semble pas avoir tiré les leçons de ce passé tragique. Les génocides au Cambodge, au Rwanda et à Srebrenica, les attaques en cours contre la population rohingya, les souffrances des communautés yézidies en Irak, et de nombreuses autres situations où il existe un risque élevé que des populations subissent des crimes d’atrocité soulèvent de sérieuses interrogations sur notre engagement au-delà de notre rhétorique du «plus jamais cela».

Si, par le passé, le manque d’informations ou de connaissances suffisantes était invoqué pour ne pas prendre de mesures décisives, aujourd’hui, le monde dispose de nombreuses informations souvent à notre portée par un simple «clic». (…)

Gérer les signes d’alerte précoces et les facteurs de risque est la meilleure forme de prévention. Cependant, de plus en plus d’Etats, y compris ceux du monde développé, sont confrontés à des défis pour faire face à ces risques. L’Europe, le continent qui a été témoin de l’Holocauste, connaît aujourd’hui une intolérance et des tensions croissantes entre les communautés locales et ceux qui franchissent les frontières pour y chercher refuge, fuyant la persécution et d’autres violations graves des droits de l’Homme, ou qui cherchent désespérément à échapper à la pauvreté. Les communautés minoritaires, les migrants et les réfugiés sont souvent utilisés comme «cibles» faciles lorsque les débats politiques se polarisent. Alors que les extrémistes injectent un langage incendiaire dans le discours politique dominant répandu sous le couvert du «populisme», les discours et les crimes de haine ne cessent d’augmenter. En jetant le blâme sur les migrants et les réfugiés, en les qualifiant de menace pour la sécurité nationale, les dirigeants d’extrême droite et les leaders populistes entretiennent un climat où il est justifié de commettre des actes de violence contre eux comme moyen de «légitime défense». Ces mouvements extrémistes se réapproprient le récit de «l’autre» qu’Hitler maîtrisait si bien. (…)

Un leadership audacieux est nécessaire pour contrer ces faux discours de haine et de discrimination. Les dirigeants progressistes doivent approfondir leur compréhension du problème et assumer leur responsabilité de protéger toutes les populations menacées. Les pays doivent s’attaquer aux causes profondes de la haine, y compris le racisme et la discrimination, défendre la société civile, l’Etat de droit et l’universalité des droits de l’Homme. La poursuite de l’érosion des protections que confèrent les droits de l’Homme et celle des normes démocratiques exacerbe le risque potentiel de conflits violents, conduisant à des actes d’atrocités. Aucun pays au monde ou aucune région n’est à l’abri des conflits fondés sur l’identité et, par conséquent, personne ne devrait faire preuve de complaisance quant au respect de sa responsabilité de protéger.

(…) Un engagement renouvelé en matière de prévention est nécessaire pour honorer véritablement les victimes de l’Holocauste non seulement en paroles mais également en actes. Autrement, nous ne tiendrons jamais la promesse de la Charte de «sauver les générations futures du fléau de la guerre».

 

 

 

 

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